Le 2 mars 2020 le président de la Turquie Recep Tayyip Erdogan a annoncé que les européens devaient « prendre leur part du fardeau » à propos de la masse de clandestins venue du Moyen-Orient depuis le déclenchement de la guerre civile syrienne en 2011. Cette déclaration fait suite à l'ouverture de la frontière turque avec la Grèce, véritable épée de Damoclès au-dessus de notre continent menacé de submersion migratoire. 

Mais revenons aux origines des relations entre France et la Turquie, lesquelles sont anciennes de nombreux siècles, des premiers contacts médiévaux entre ces deux puissances jusqu'à la fin de la Première Guerre Mondiale et la construction de l’État turc moderne. La tension actuelle entre ces deux États n’a en effet rien d’une nouveauté. Des situations analogues ont déjà eu lieu à de nombreuses reprises, et bien qu’elles soient survenues dans des circonstances totalement différentes, nous y retrouvons toujours certains modes d’action et cette même volonté d’imposer un ordre islamique.

La genèse : les Croisades

Les tensions franco-turques commencèrent dès la première croisade, lancée à l'appel du Pape Urbain II en 1095 à Clermont-Ferrand qui exhorta l’Europe chrétienne à libérer la ville sainte de Jérusalem, alors interdite aux pèlerins chrétiens,. Les vaillants seigneurs français montés sur leurs fiers destriers, qui passèrent par l'Anatolie pour rejoindre la Palestine et ainsi reprendre le tombeau du Christ, firent la rencontre du Sultanat de Rum, sorte de stade embryonnaire de l'empire  Ottoman, ainsi que de l'empire Seldjoukide. Bien qu'étant deux entités politiques distinctes, elles furent toutes deux gouvernées par la dynastie des Seldjoukides.  Les turcs de ce temps-là étaient encore des nomades fraîchement débarqués des steppes d'Asie centrale, rompus aux pillages de masse et aux atrocités en tous genres, répandant la parole du prophète par le fer et le feu aux dépens des autochtones chrétiens du Moyen-Orient. Ce furent ces mêmes envahisseurs d’Asie centrale qui, après leur conquête de la ville sainte, en interdirent l'accès aux chrétiens, provoquant une indignation générale et in fine aux Croisades.

Les croisés  parvinrent à écraser les forces turques à plusieurs reprises en faisant preuve d'une bravoure et d'un sens du sacrifice exceptionnels, notamment lors de la bataille de Dorylée par laquelle ils évincèrent le sultan de Rum et endiguèrent la progression islamique dans la région. Ils reitérèrent l'exploit lors du siège d'Antioche où ils finirent pas s’emparer de la ville après un siège long de sept mois. . Cette victoire eut pour effet d'éloigner provisoirement les seldjoukides.

Les États latins d'Orient purent ainsi être fondés, dont le plus célèbre, le royaume de Jérusalem. les Croisés étaient assistés par les turcopoles, des troupes auxiliaires composées de turcs convertis au christianisme et de combattants d'ascendance mixte, d'un père croisé et d'une mère turque.

Ces conflits entre les princes Français et les sultans Turcs durèrent jusqu'à la chute de Saint-Jean d'Acre en 1291, qui se solda par la destruction de ces Etats latins d’Orient par les troupes des Mamelouks d’Egypte. Ce siège clôtura la période mouvementée des Croisades à l’avantage des musulmans qui, confortés par l’avantage du nombre, surent submerger les croisés et reconquérir leurs possessions. 

Le Royaume de France et le Sultanat de Rum avaient pris conscience de leur existence mutuelle, et des échanges culturels ainsi que génétiques eurent lieu. Cela peut sembler être un épiphénomène mais il mérite tout de même d'être mentionné.

Dès le départ, l’impérialisme religieux des Turcs fut au coeur des affrontements avec le royaume de France. Cet expansionnisme guerrier dont les chrétiens d’Orient puis les Croisés avaient fait les frais n’est pas sans rappeler la situation actuelle où le despote Erdogan a su mener une guerre sans merci aux Kurdes au nom de cette doctrine expansionniste gravée dans la longue mémoire des Turcs. Les similitudes s’amoncellent entre le passé et le présent où l’idéologie turque sert de fil conducteur à la politique, intérieure comme extérieure, menée par cette nation.

 

L' « union sacrilège de la fleur de lys et du croissant » :  Soliman le Magnifique et François Ier

 La France en 1525 est empêtrée dans la Septième Guerre d'Italie, énième chapitre qui fait partie d'une longue succession de conflits où les rois France guerroient pour prendre ce qu'ils estiment être leur héritage légitime : le royaume de Naples et le duché de Milan. Le roi est alors en fâcheuse posture : le 24 février les troupes royales sont défaites à Pavie par à l'armée de l'empereur Charles Quint. Le roi François Ier est fait captif et gardé à Madrid. Après plusieurs mois d'enfermement il est contraint de signer le traité de Madrid dont les clauses sont plus qu'humiliantes : la cession du duché de Bourgogne et du Charolais à l'Empire et le renoncement aux ambitions italiennes. La maison de Habsbourg, emmenée par avec son chef Charles Quint, est alors la puissance hégémonique en Europe.   

L'empire Ottoman est lui en pleine phase d’expansion : en 1453 Mehmet II a conquis la cité millénaire de Constantinople et a mis fin à la survivance grecque de l'illustre Empire Romain. Après lui, son petit-fils Selim Ier unifie le Moyen-Orient sous son joug impitoyable avant qu’en 1522, son fils Soliman s’empare de la Serbie. Les Ottomans campent aux frontières des Habsbourg. La guerre éclate entre les deux monarchies, et Vienne est assiégée sans succès en 1529.

C'est dans ce contexte que le roi de France, affaibli par sa défaite militaire et par les pertes territoriales qui en découlent, se lance à la recherche d'un allié de revers afin de contrebalancer cette toute-puissance voisine. Il faut bien avoir conscience en effet de l’état d’encerclement du royaume de France par les Habsbourg, lesquels bénéficient de communications maritimes ininterrompues de la péninsule ibérique à l’Italie, et de routes terrestres pratiquables de l’Italie du Nord jusqu’à la mer du Nord. Paris est à portée d’une descente armée, d’autant que les frontières du royaume ne bénéficient encore nullement d’un réseau de fortifications efficace. 

Le souverain français trouva en la personne de Soliman le Magnifique un allié de taille, qui pourrait « occuper » l’Empereur en Méditerranée orientale ou à ses frontières terrestres orientales. 

Cette alliance se concrétisa dès 1534, année durant laquelle une flotte ottomane dirigée par le célèbre pirate Barberousse prit part aux côtés des forces françaises à des campagnes coordonnées avec les français contre Gênes. Cette coopération militaire se renouvelle en 1543, puis lors du sac Nice en 1543 où la flotte turque put hiverner à Toulon, ou encore lors de l'invasion de la Corse en 1553.  Ces opérations militaires se poursuivirent jusqu’à la mort de François Ier, puis sous son successeur Henri II.

Cette coopération fut formalisée. En 1532 et 1533 le roi de France et le Calife échangent des ambassades, avant que le traité dit des Capitulations ne soit signé le 4 février 1536. L'Ottoman accorde aux marchands Français le privilège pouvoir commercer librement avec l’ensemble des ports de la Sublime Porte, ce qui permit d’assurer la prospérité de Marseille. Il confie aussi au roi de France la protection des Lieux Saints et des sujets chrétiens de l'empire. Le traité des Capitulations fixa le cadre des relations franco-ottomanes jusqu'à son abrogation à la fin de la Première Guerre Mondiale. 

En cette époque très imprégnée de foi chrétienne, une telle alliance  entre le Roi Très Chrétien et le Calife, littéralement le successeur de Mahomet, outragea les autres puissances chrétiennes qui la qualifièrent « d' alliance impie » ou « d'union sacrilège de la fleur de lys et du croissant ». Mais comment le roi de France aurait-il pu, au nom de l’idée déjà passée de Respublica Christiana, accepter que la France fut mortellement menacée ? 

L'intérêt national l'emportait désormais sur toute autre considération, y compris la solidarité des chrétiens face aux menaces ottomanes. L'Empire turc était un État comme un autre, avec lequel il est possible rationnellement de s'allier, de commercer, ou de faire la guerre, en fonction des intérêts de chacun. Faudrait-il en conclure un peu hâtivement que les Français n’avaient décidément aucune conscience de ce que représentait la menace ottomane pour l’Europe chrétienne ? Ce serait oublier les grands Princes engagés dans des aventures militaires à l’autre bout de l’Europe afin de repousser les Turcs. Ce serait oublier aussi que la reine Catherine de Médicis, plus tard dans le siècle, après la bataille de Lépante, n’en écrira pas moins à Philippe II une lettre où elle se félicite de la défaite des Turcs. 

Par ailleurs, cette coopération circonstancielle fut entachée d’épisodes malheureux, comme lors de l'hivernage des marins turcs à Toulon où ces-derniers, non contents d'être accueillis aux frais de la France, se mirent à piller les villages alentours. De nombreux jeunes enfants des environs furent enlevés et réduits en esclavage, transformés en rameurs de galères. La cathédrale de Toulon fut saccagée avant d’être transformée en mosquée. Les toulonnais n’obtinrent jamais réparation de François Ier ; il dut même payer une indemnité colossale afin que les Turcs quittent la ville, non sans partir les bras chargés du fruit de leur pillage. Et tout ceci pour des gains opérationnels quasi nuls… Le comportement extrêmement cruel de cette troupe prétendument alliée traumatisa l'imaginaire collectif de la région pendant de longues décennies. 

La rupture franco-ottomane sous le règne du Roi Soleil

L'alliance scellée sous François Ier et Soliman le Magnifique, motivée chez le premier par la recherche d'un partenaire capable de prendre à revers le voisin Habsbourg, ne se traduisit par aucune coopération militaire digne de ce nom. L'avènement au trône de Louis XIV marqua une nouvelle période d’intensité dans les relations entre la Sublime Porte et la France.

En 1669, ces rapports avaient traversé une crise : le Grand Turc, Mehmet IV, avait emprisonné et renvoyé l'ambassadeur français, rompant ainsi les relations diplomatiques. C'est donc avec soulagement que le roi apprit en 1669 l'arrivée prochaine de Soliman Aga, que l'on pensait ambassadeur du sultan. L’événement était de taille puisque pour la première fois un ambassadeur de la Sublime Porte se rendait en Europe pour visiter un souverain. Le roi de France entendait bien en profiter pour faire la démonstration indiscutable et définitive de la richesse et de la puissance de son royaume. L' ambassadeur n'était en réalité qu'un émissaire. Tout le faste déployé pour le recevoir se révélait donc disproportionné, et l'envoyé du sultan eût un comportement méprisant, ne relevant même pas les honneurs qui lui furent faits. Le ridicule guettait le roi. Pour se sauver la face, il commanda à Molière et Lully un « ballet turc ridicule » pour tourner en dérision les mœurs turques : la comédie-ballet fut nommée... Le Bourgeois Gentilhomme.

Au-delà de ces ingénieuses amabilités, le Roi Soleil évita de s'engager dans une alliance formelle avec l’Empire ottoman et maintint une prudente neutralité bienveillante à son égard, car la diplomatie française restait orientée par le souci de l’équilibre entre les puissances européennes (et la constitution d’alliances de revers) et par l'objectif de consolidation des avantages que tiraient les commerçants français de ces relations privilégiées.          

Après l’échec, de justesse, du siège de Vienne par les Ottomans en 1683, le Pape Innocent XI, l’Empereur Léopold Ier, Venise, la République de Pologne et la Russie se réunirent au sein de la Sainte Ligue. Louis XIV déclina l’invitation du Pape à y participer. Les juristes et pamphlétaires critiquèrent la position du roi en opposant d'un côté la Sainte Ligue incarnant la liberté européenne face au despotisme oriental aidé de l'absolutisme français. 

Le roi trouvait avantage à ce que Léopold Ier s’épuise sur le front de l'Est face à la puissance mahométane ; et en déclenchant les hostilités sur le Rhin contre Léopold Ier en 1688, Louis XIV put donner un répit aux Ottomans - jusque-là singulièrement malmenés -, qui purent même reconquérir certains territoires perdus. La fin de la guerre de la Ligue d'Augsbourg en 1697 mit un terme à ce qui avait pris la forme d'une étroite coopération militaire entre 1692 et 1695, et la confiance de la Porte en le Roi Très Chrétien s’étiola. Louis, alors en position  hégémonique en Europe, pouvait se permettre de se passer de cet allié de circonstance, aussi important fut-il jadis. L’Angleterre, qui n’avait jamais été guerre avec l’Empire ottoman, en tira grand profit. Avec la conquête de Gibraltar en 1704, la perfide Albion sut se hisser en position dominante dans la Méditerranée...

Outre ces considération géopolitiques, les sérieux revers que subirent les Turcs en cette fin de XVIIème siècle réduisirent d'autant la menace perçue par les Européens, ce qui favorisa l'émergence d'une nouvelle tendance, sorte de fascination pour la culture turque : l'orientalisme. Cette admiration était visible avant tout dans les arts, ce qui donna les « turqueries », ces œuvres ou objets en provenance directe d'Anatolie ou inspirés de la mode turque. La littérature ne fut pas épargnée non plus, que l'on pense aux Lettres Persanes de Montesquieu ou au Candide de Voltaire. L'influence fut aussi culinaire avec l'introduction du café en France, dont la mode se répandit sous l'impulsion de l'ambassadeur ottoman auprès de Louis XIV, ou se manifesta encore à travers les manufactures de tapis par la fondation des Gobelins à Paris, qui en l'adaptant au goût local, reproduisaient la confection turque. 

    

L'inversion du rapport de force : la France au secours de l'Ottoman

Après son apogée à la fin du XVIIème siècle, l'Empire ottoman entre dans une phase de déclin, ce qui lui valut le surnom bien connu d’« homme malade de l'Europe ». Par un conservatisme religieux qui s'accompagna et se traduisit par une fermeture à toute influences étrangère, il se révéla incapable d'intégrer tant les idées que les technologies qui firent la puissance  de l'Europe occidentale, et son commerce était dominé par les non-musulmans. Parmi d'autres maux, une corruption endémique et un pouvoir central bien trop lâche minaient l'autorité centrale du sultan. Enfin, et non des moindres, l'armée ottomane commençait dangereusement à perdre du terrain dans le domaine militaire, manquant d'entraînement, et accusant un retard au niveau des  tactiques et de l'armement par rapport aux puissances occidentales.

L'équilibre des forces qui avait pu prévaloir fut renversé, et le soutien français aux desseins ottomans devenait dès lors nécessaire. La coopération put donc prendre également un aspect technique et organisationnel. Des officiers français allèrent prêter main forte aux turcs, dont cet aventurier et officier du nom de Claude Alexandre de Bonneval qui se mit au service du sultan pour moderniser l'artillerie et contribua notamment à la victoire ottomane durant la guerre austro-turque. L'ambassadeur Louis de Villeneuve négocia d'ailleurs en faveur des turcs lors du traité de Belgrade de 1739  qui mit fin à ce conflit, toujours dans cette perspective de contrebalancer la puissance autrichienne eu Europe orientale. Il convient également d'évoquer le baron de Tott, qui réforma l'armée ainsi que les fortifications ottomanes.            

De Bonneval à la Révolution Française, ce furent ainsi plus de 300 officiers d'artillerie et d'ingénieurs Français qui furent envoyés dans l'Empire ottoman pour en moderniser l'armée, la marine, les fortifications ou encore les ponts et chaussées. Le Royaume de France retrouvait de la sorte son rôle traditionnel d'allié des Ottomans.

Si la Révolution Française fut par certains aspects une rupture brutale avec ce qui avait pu être par le passé, dans le cadre des relations franco-turques, c'est la continuité de la coopération qui prévalut. En effet, la France, en guerre avec toutes les monarchies européennes à quelques exceptions près, avait besoin de l'appui de la Porte pour faire diversion et occuper les forces des Habsbourg dans les Balkans. La toute jeune France révolutionnaire s'en sortit prodigieusement bien en mettant en déroute les armées ennemies tant aux frontières qu'à l'intérieur du pays, cependant que l'ennemi héréditaire anglais résistait encore et toujours, bénéficiant de sa situation insulaire et de sa muraille naturelle, la Manche. 

   

Bonaparte en Égypte, ou quand la lutte contre l'ennemi héréditaire justifie la rupture éphémère de l'alliance

Pour parvenir à mettre à mal tant que faire se peut la puissance britannique, le Directoire décida de l'envoi d'une expédition militaire en Égypte pour bloquer la route des Indes aux Anglais, qui empruntait l'isthme de Suez. Par la même occasion, la France pourrait affirmer sa suprématie en Méditerranée. Pour atteindre ces fins, le partenaire Ottoman en subirait les dégâts collatéraux. Car l’Égypte, malgré sa relative autonomie et son peu de dépendance au sultan, appartenait bien malgré tout à l'Empire turc. 
Ce fut le jeune général Bonaparte, tout auréolé de son succès en Italie, qui fut choisi pour diriger cette périlleuse mais ambitieuse expédition.

Il débarque le 2 juillet 1798 à Alexandrie avec 37 000 hommes et se met en route pour Le Caire. L'Égypte est alors aux mains des Mamelouks, et Bonaparte peut jouer la carte stratégique de libérateur du peuple contre cette milice, et se poser en ami du sultan ottoman pour éviter toute entrée en guerre de ce dernier. La stratégie fonctionna, d'autant plus que Bonaparte prit un soin particulier à respecter la foi des autochtones, ce qui a d'ailleurs suscité un grand nombre de fantasmes et de fake news sur sa prétendue islamophilie. 

Le Caire prise dès le 23 juillet, la deuxième phase de l’Expédition d’Égypte put commencer, avec en ligne de mire la Syrie. Début janvier 1799, Bonaparte apprend que le Pacha de Syrie s'est emparé du fort d’el Arich, situé à quelques kilomètres de la frontière égyptienne. S'en emparer doit permettre de consolider l'assise française en Egypte. Entre temps, la Sublime Porte a déclaré la guerre à la France, faisant échouer la manoeuvre visant à dissocier le pouvoir des Mamelouks du pouvoir central ottoman. Acculé de toute part par les troupes coalisées des Ottomans, des Égyptiens et des Anglais, Bonaparte dut se résoudre à quitter son armée pour regagner la France. Pour la première fois de leur longue histoire commune la France et l'Empire Ottoman étaient entrés en conflit direct. Mais à la suite de la brillante victoire de Napoléon sur l'Autriche et la Russie à Austerlitz, le sultan Selim III refusa finalement de ratifier les alliances avec la Russie et la Grande-Bretagne, reconnut Napoléon comme empereur, et choisit l'alliance formelle avec la France, qu'il qualifia d'« allié sincère et naturel ».